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Jean Raymond Bayssade

Jean Raymond Bayssade

Un héros parmi les siens

 

Modestie et fidélité, les choix de toute une vie
Raymond Bayssade est né le 2 juillet 1913 à Verdun-sur-Garonne, où il s'en retourna, beaucoup plus tard pour profiter enfin d'une retraite bien méritée, au-milieu des siens, dans son village natal, Entre-temps, en raison de la guerre, il eut l'occasion d'exercer des choix qui devaient transcender  son milieu social et familial.

Dès son enfance, Raymond Bayssade manifesta auprès des siens l'envie de voler et sa passion de l'aviation. Après des études secondaires au cours complémentaire de Beaumont-de-Lomagne, il entre à 18 ans dans l'armée de l'air, il obtient en 1931 son brevet de pilote militaire à l'école de Villacoublay.

Affecté à l'école de chasse d'Istres, il devait quitter une première fois l'armée de l'air à la fin de 1932 pour tenter une carrière de pilote de démonstration, et commença par effectuer des meetings dans toute la région.

Les plus anciens des Verdunois assurent qu'il mit à profit cette période pour passer avec son avion sous le pont suspendu de Verdun-sur-Garonne.

Cependant, il intégra bientôt l'école de l'air de Cazaux où il passa quatre ans comme sergent pilote, il eût ainsi l'occasion de s'initier à toutes sortes d'appareils, monomoteurs et multimoteurs, ce qui lui permit d'atteindre bientôt le seuil fatidique du millier d'heures de vol. Ce fut aussi l'époque de son mariage avec Suzanne Clamens, où il put composer vie professionnelle et vie familiale, sans doute la plus comblée de toute son existence.

 

La guerre, la Résistance et le Groupe de Chasse Normandie Niémen
Raymond Bayssade répondit de suite à l'appel du 18 juin 1940, en essayant une première fois de gagner l'Afrique du Nord, afin d'y continuer le combat, tentative vouée à l'échec. Toutefois, sa connaissance des milieux aéronautiques lui permit d'intégrer un réseau de Résistance et de fournir aux Alliés des renseignements sur l'organisation des défenses allemandes, les fortifications en construction, les allers-et-venues des sous-marins dans l'Atlantique.

Repéré par la Gestapo, du fait de ses multiples trajets, Raymond Bayssade décida de passer par l'Espagne pour rejoindre la France Libre. Ce fut le début d'une odyssée qui devait l'amener bien loin de Verdun et de sa famille. Vie de clandestin, circulation de nuit, dans les ruisseaux des Pyrénées, à travers la montagne avec d'autres réfugiés de toutes origines.

Il eût l'occasion de goûter aux geôles de Franco, pendant trois mois, dans les camps d'internement de Barbastro et Miranda-del-Ebro. Libéré en décembre 1943 il rejoignit Malaga et parvint à Casablanca à bord d'un sous-marin français, ce qui représenta pour lui le début d'une nouvelle ère.

Décidé à reprendre au plus tôt la lutte, il reprit l'entraînement à la chasse à l'école de Meknès. Raymond Bayssade choisit de combattre sur le front de l'est et fut naturellement dirigé vers la seule unité française présente en URSS, l'escadrille franco-russe Normandie-Niémen.

En compagnie de quatre autres pilotes il arriva sur les rives du Niémen, le grand fleuve russe, à l'issue d'un périple traditionnel pour les pilotes destinés à affronter les Allemands sur le front de l'est, par Alger, Le Caire, Téhéran, Stalingrad, Bakou et Moscou. Partout les communautés françaises leur réservèrent un accueil extrêmement chaleureux.

Après une brève période de remise à niveau sur Yak 3, le nouvel avion soviétique, les pilotes du Normandie-Niemen devaient participer à la grande offensive de printemps, celle-la décisive, menée par les Russes à travers les Pays Baltes et la Pologne.

A l'issue de son quinzième combat aérien, le 30 juillet 1944, Raymond Bayssade fut abattu alors qu'il tentait avec un de ses compagnons de faire face à un groupe de neuf ''stukas'' dont le feu concentré des mitrailleuses ne laissa aucune chance à notre pilote. Blessé aux jambes, il réussit néanmoins à sauter en parachute.

Prisonnier des Allemands
A quelques kilomètres à peine de la ligne de front, grièvement atteint, Raymond Bayssade fut immédiatement fait prisonnier par Les Allemands qui en principe exécutaient les pilotes français au mépris des lois de la guerre. La retraite et la confusion en résultant lui furent favorables sur ce point…

C'est alors que commença la partie la plus dramatique de son odyssée personnelle. Sommairement soigné par les Allemands, Raymond Bayssade erra de camps de prisonniers en camps de prisonniers, souffrant des mêmes sévices et des  mêmes privations que les prisonniers russes, avec lesquels il partagea une fraternité qui ne devait jamais se démentir.

En novembre 1944 à peine relevé de ses blessures grâce aux soins d'un médecin soviétique, il fut affecté dans un camp de travail forcé avec un compagnon d'infortune, abattu comme lui, sur le front. Ils résolurent de s'évader. Le 15 décembre 1944, Bayssade tenta sa chance et s'enfuit, seul, à travers la campagne où il erra pendant une dizaine de jours.et fut capturé de nouveau par les Allemands.

Pendant tout ce temps Raymond Bayssade dut cacher son identité afin que des représailles ne soient pas exercées à l'encontre de sa famille, et c'est sous le nom de ''Verdunois'', domicilié à Oran, qu'il put enfin donner de ses nouvelles par l'intermédiaire de la Croix Rouge.

Raymond Bayssade fut libéré par l'arrivée des Américains en mai 1945. Il pesait alors 46 kg ! De retour au pays, il continua sa carrière militaire jusqu'en 1972 et prit sa retraite dans son village natal.

Raymond Bayssade est mort le 14 février 1983, il avait le grade de Commandant.
Une rue de notre commune verdunoise porte son nom : https://goo.gl/maps/APKvCeUn6C7MsWCC8

Vous pouvez retrouver sur ce lien plusieurs documents biographiques de ce héros.

Histoire et  légende d'une Escadrille, le Normandie-Niemen

Le Général Charles de Gaulle a voulu que des Français participent de façon directe à la guerre avec le front russe. avec l'accord de Staline fut donc créée dès 1942 une escadrille sous commandement français, intégrée à la 303°division soviétique, appelée '' Normandie-Niémen'' en juillet 1944.
Ainsi, une centaine de pilote français participèrent à une épopée qui devait les emmener parmi les premiers au cœur de l'Allemagne. Quarante-deux d'entre-eux furent tués, mais les pilotes du NN réalisèrent plus de 5000 missions, détruisant au moins 273 avions allemands.
Ce fut l'unité française la plus décorée, tant par les Russes que par les Français. De façon unanime, les aviateurs français conservèrent un souvenir ébloui de leur participation à ce combat et de l'accueil des Soviétiques.

 

Remerciements :

Ce portrait et l'ensemble des illustrations et témoignages qui le composent, sont le fruit des recherches de Michel Arquié, membre du Groupe Histoire de Verdun-sur-Garonne, avec l'aide précieuse de l'association Mémoire 82. Dans le cadre de son travail au Conseil Départemental du Tarn & Garonne, il a conçu une exposition itinérante, "Tarn -et-Garonne,Terre d'aviateurs" en 2018. Vous pouvez retrouver le riche livret de son exposition sur ce lien.